
Depuis le début du deuxième trimestre de cette année, tous les regards des analystes politiques se tournent vers l’autre côté du Pacifique, vers les élections présidentielles américaines. Même ceux qui n’ont pas de fortes convictions politiques dans leur propre pays trouvent matière à discussion concernant ce qui se passe au sein de la superpuissance mondiale.
Cette attention particulière suscitée par ces élections tendues soulève des interrogations sur les potentiels impacts dans la région des Grands Lacs, connue pour ses tensions politiques et militaires constantes.Il est indéniable que l’issue de ces élections redéfinira de nombreux enjeux sur la scène internationale. De la résolution du conflit israélo-palestinien à la gestion du conflit russo-ukrainien en passant par la lutte contre le changement climatique, les résultats des élections américaines redistribueront les cartes mondiales. La guerre à l’Est de la RDC ne sera pas épargnée par ces bouleversements.
Il est crucial de se rappeler qu’en 2013, c’est grâce à l’intervention du Président Obama que Goma a pu échapper aux mains du mouvement du 23 Mars et de son soutien rwandais. L’ambiguïté de la position américaine face à l’agression rwandaise soulève des questionnements légitimes. Alors que l’administration démocrate s’investit fortement dans la crise entre la Russie et l’Ukraine, son désintérêt relatif pour la situation à l’Est du Congo ne passe pas inaperçu pour les observateurs avisés.Ces comparaisons mettent en lumière le parti pris implicite du gouvernement américain dans la gestion des conflits internationaux.Notre analyse met en lumière des enjeux importants et soulève des questions pertinentes quant à l’impact des élections américaines sur la région des Grands Lacs.
QUE DOIT ÊTRE LA POSTURE CONGOLAISE?
Le gouvernement congolais devrait exercer une diplomatie proactive et ne pas se laisser aller à l’inertie face aux enjeux géopolitiques actuels. Il est essentiel que les autorités congolaises établissent un cadre d’analyse des tendances politiques et envisagent d’entrer en contact avec les équipes des deux candidats pour discuter de la question cruciale de l’Est du Congo, qui revêt une importance similaire à celle des conflits en Ukraine et en Palestine.
Il serait stratégique pour le gouvernement congolais d’utiliser les médias et les acteurs d’opinion pour mettre en avant cette question et influencer l’agenda politique des candidats. Il faudrait envisager des actions visant à apporter un soutien indirect au candidat ayant le plus de sympathie pour la cause congolaise.
Dans une perspective stratégique, il semblerait préférable pour la RDC que Trump remporte l’élection, étant donné que les démocrates entretiennent des liens forts avec le régime de Kigali et le Kenya, qui ne représente plus un allié fiable pour la RDC. Une victoire de Trump pourrait potentiellement être plus avantageuse pour les intérêts congolais dans la région des Grands Lacs.
Jean Luc KONG /Analyste politique