
L’avenir d’un pays se mesure à la capacité de ses dirigeants à respecter l’intégrité des fonds publics. Cette citation de Jacques Chirac, “ Les mots sont des fenêtres “, résonne comme un appel à la responsabilité et souligne l’importance d’une communication ouverte et honnête, prenant tout son sens dans le contexte actuel de la République Démocratique du Congo.
Les récentes déclarations de Monsieur Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, député national du Parti présidentiel et proche collaborateur du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, soulèvent des questions cruciales. Elles interrogent non seulement l’entourage présidentiel, mais aussi l’état du combat pour l’instauration de l’État de droit, que revendique l’UDPS, dont Kazadi est l’un des ténors.
Ces déclarations soulèvent des préoccupations significatives à l’égard de l’entourage du Président Félix Tshisekedi, composé de conseillers, de membres de sa famille et d’alliés politiques. Ce groupe semble parfois donner la priorité à ses propres intérêts au détriment du bien commun. Par ailleurs, elles mettent en lumière des interrogations sur les pratiques de bonne gouvernance prônées par le Chef de l’État. Si cette situation venait à se confirmer, il en découlerait que cet entourage, potentiellement nuisible, compromettrait tous les efforts déployés par le Président pour améliorer la gestion de la res publica.
La RDC, riche en ressources naturelles, peine à transformer sa richesse en bénéfices tangibles pour sa population. En effet, comme l’a observé Nelson Mandela, “ La pauvreté n’est pas une fatalité, c’est un choix. “ Dans le cas de la RDC, la pauvreté s’apparente au destin. Bien que le pays dispose d’énormes ressources, la corruption et la gestion inefficace des fonds publics prédominent, particulièrement au sein des institutions publiques. Ce phénomène entrave le développement du pays et accentue les inégalités. Une prise de conscience collective et un changement de pratiques sont donc plus que jamais nécessaires.
Des millions de dollars alloués à des projets de développement se sont volatilisés, souvent au profit d’individus plutôt que de la collectivité, comme l’a souligné Nicolas KAZADI. Les projets censés améliorer les infrastructures, la santé et l’éducation stagnent, tandis que les fonds se retrouvent dans des poches privées. Les exemples de soupçons de détournement impliquant des membres du gouvernement, qui sont restés sans suite, sont particulièrement révélateurs : le cas de Tony Mwaba, accusé de mauvaise gestion des fonds alloués à la gratuité de l’enseignement, celui de Didier Budimbu concernant les sommes générées par les blocs pétroliers, d’Antoinette Kipulu sur les financements destinés à l’enseignement technique et professionnel, ainsi que de Peter Kazadi à propos des cartes d’identité biométriques, illustrent une gestion catastrophique des finances publiques et la persistance d’une justice à géométrie variable. Ces situations soulignent non seulement l’inefficacité des mécanismes de contrôle existants, mais aussi l’urgence d’un audit indépendant des comptes publics pour restaurer la confiance au sein de la population et garantir que les ressources sont utilisées au bénéfice du peuple congolais.
Dans un système où l’autorité budgétaire, représentée par le Parlement et chargée de contrôler les finances publiques, est compromise par des considérations politiques et des exigences de loyauté envers des individus, la probabilité d’instaurer des mécanismes de gestion rationnelle devient pratiquement nulle. Pourtant, de l’esprit du législateur, le parlement doit jouer le rôle de soupape de sécurité pour garantir l’intégrité dans la gestion des finances publiques et le contrôle de l’exécution des projets de développement. La question demeure également sur l’efficacité des missions de contrôle diligentées par l’Inspection Générale des Finances, la cour des comptes et la cohorte d’agences de lutte contre la corruption créés par la présidence.
L’absence de transparence et de responsabilité dans la gestion des fonds publics a des conséquences néfastes sur la qualité de vie des Congolais. Les infrastructures s’effondrent, l’accès à l’éducation et aux soins de santé est restreint, et les jeunes se voient confrontés à un avenir incertain. Cette situation entraîne un cycle de pauvreté et de désillusion, menant à des crises sociales qui pourraient être évitées.
Dans ce contexte difficile, les institutions publiques, censées être les garantes de l’État de droit, souffrent d’un profond manque de confiance. Leur pouvoir et leur autonomie sont sapés par une gestion opaque et des intérêts partisans. Ce tableau sombre menace la stabilité de la République et pose une question fondamentale : Comment restaurer l’intégrité des institutions publiques ?
Dans un monde où l’immoralité devient la norme, la démission doit être vue comme un acte de courage. Comme l’affirme Aristote, « Plus que jamais, il faut être en accord avec son être pour prendre position. » Les hommes et femmes politiques qui découvrent de telles pratiques doivent prendre leurs responsabilités et choisir l’intégrité plutôt que la complicité. C’est dans cette optique qu’il devient impératif de s’opposer ouvertement aux pratiques douteuses, indépendamment des conséquences personnelles. Une culture de la transparence et de la responsabilité doit être instaurée, car chacun a un rôle à jouer pour défendre l’intérêt public.
Pour améliorer la gestion des fonds publics en RDC, il est crucial d’instaurer des mécanismes de contrôle renforcés, tels que des audits indépendants des comptes publics, garantissant ainsi une transparence indispensable. Parallèlement, impliquer la société civile dans la surveillance de l’utilisation des fonds publics permettrait de responsabiliser les autorités et de renforcer la confiance des citoyens envers les institutions. Même si; au-delà de son caractère hétéroclite, la société civile congolaise apparaît comme le relais ou la caisse de résonance des officines politiques au point que ses prises de position sur des questions d’intérêt commun cachent mal ses accointances avec les acteurs politiques souvent impliqués dans des nombreux cas de malversations financières.
Nonobstant cette triste réalité, investir dans la formation des gestionnaires publics et dans des organisations de la société civile est aussi primordial, car cela ne renforcerait pas seulement leurs compétences techniques, mais aussi leur éthique professionnelle, contribuant à un système plus intègre et efficace. De plus, les dirigeants congolais doivent faire preuve d’un engagement authentique envers la bonne gouvernance. Cela nécessite non seulement un changement de discours, mais également des actions concrètes visant à instaurer un climat de transparence et de responsabilité, où chaque acteur est conscient de son rôle dans la promotion d’un avenir meilleur pour le pays. Cet engagement doit se traduire par des réformes significatives dans le secteur de la justice et des initiatives qui favorisent la participation active des citoyens dans le processus décisionnel, créant ainsi une gouvernance véritablement inclusive. La justice reste la clé de voûte dans le processus de moralisation de la vie publique en RDC. Malheureusement, rendue théâtrale, notre justice est à ce jour, utilisée uniquement à des fins politiciennes et comme instrument de neutralisation des adversaires politiques au nom d’un simulacre de patriotisme
L’heure est à l’action collective. Les décideurs doivent s’engager fermement à combattre la corruption et à garantir une gestion saine des ressources publiques, car il en va de l’avenir de la RDC. Cette nécessité est d’autant plus pressante dans une société où, comme le déclarait le président John F. Kennedy, “ Le changement est la loi de la vie. Et ceux qui regardent seulement le passé ou le présent sont certains de rater l’avenir. “ Chaque Congolais, en tant qu’acteur clé de cette transformation, a un rôle crucial à jouer dans ce combat pour l’avenir de son pays. En parallèle des révélations de M. KAZADI, les organismes de contrôle ont la responsabilité légale, conformément à l’article 22 de la Loi n°10/010 du 27 avril 2010 relative à la gouvernance et à la gestion des finances publiques, d’ouvrir une instruction rigoureuse afin de démêler le vrai du faux dans ces propos, car la vérité est la première étape vers la justice et la rédemption.
Imaginons un lendemain où la transparence et la responsabilité prévalent : un pays où les ressources, administrées avec intégrité et vision, alimentent un développement durable. Dans cette vision, chaque citoyen pourrait accéder aux opportunités dignes de son potentiel, contribuant ainsi à une société plus équitable et prospère. Il est essentiel de rappeler que, selon l’article 10 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, “ Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à la même protection de la loi “, ce qui rappelle à chacun l’importance de l’équité dans l’accès aux ressources.
Ce sujet crucial mérite une réflexion approfondie et engagée. J’invite donc, chers lecteurs, professeurs d’université, hauts fonctionnaires, et chaque citoyen préoccupé par l’avenir de notre nation, à se joindre à ce débat indispensable. Ensemble, œuvrons pour bâtir un Congo où chaque voix est entendue et où la bonne gouvernance est non seulement un idéal, mais une réalité tangible. En unissant nos efforts, nous pouvons non seulement instaurer la transparence et l’intégrité, mais également renforcer les institutions publiques afin qu’elles deviennent de véritables garantes de l’État de droit, comme le stipule l’article 2 de la même Constitution, qui dispose que “ La République Démocratique du Congo est un État de droit. “
Dans cette quête, faisons preuve de détermination et d’engagement, car, comme l’a dit Mahatma Gandhi, “ Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. “ Chaque pas que nous faisons vers une gouvernance responsable est une avancée vers un avenir meilleur pour tous les Congolais; où la bonne gouvernance ne sera pas qu’un vœu pieux, mais une réalité palpable, fondée sur des principes de justice, de solidarité et de progrès collectif. En agissant de concert, nous pouvons créer un avenir où le bien commun prime sur les intérêts individuels, et où chaque voix compte dans la construction d’une démocratie véritable.
Les révélations de Monsieur Nicolas Kazadi doivent également être perçues comme un défi lancé aux acteurs de la justice, souvent perçus comme partiaux et particulièrement sévères envers les voix discordantes, tout en étant cléments envers ceux proches du pouvoir. Cette perception, de plus en plus ancrée dans l’opinion publique, trouve sa justification dans le laxisme dont bénéficient certains citoyens congolais en raison de leur proximité, qu’elle soit réelle ou supposée, avec les instances dirigeantes ou leurs affidés.
Dans ce contexte de crise, où le pouvoir d’achat de la population a considérablement diminué et où les infrastructures de base sont gravement affectées tant par les conséquences de ce conflit meurtrier que par les effets dévastateurs du changement climatique, affirmer que les maigres ressources financières issues des contribuables congolais sont dilapidées par une minorité se retrouvant souvent dans des festivités ou des beuveries est un aveu clair d’une gouvernance qui contraste avec les promesses de bonnes intentions répétées depuis près de sept ans à la tête du pays. Au-delà d’être un véritable pavé dans la mare, ces déclarations méritent d’être considérées comme la chasuble du traître, fièrement enfilée par l’ancien ministre des Finances et ses complices.
Joseph MULUNDA
Libre penseur