Arodie vit à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga. A seulement douze ans d’âge, il a appris à extraire et concasser les pierres dans une carrière de la périphérie de la ville. C’est son activité de survie. Orphelin de père, Arodie ne va plus à l’école. Et malgré son jeune âge ; il assume des lourdes responsabilités à travers ce travail dur mais auquel il est habitué. Voici son quotidien:
Sous un soleil de plomb ; Arodie extraie, concasse et transporte les pierres. Il est 14 heures, il fait tout pour réaliser la quantité de pierres qui lui permettra d’avoir à manger.
Pieds nus, T-shirt et short rouges ; il se tient debout mains aux hanches ; pensant à tout ce qui lui reste à faire pour atteindre la quantité suffisante des pierres et moellons qu’il a l’habitude de vendre. Sa recette journalière varie entre 2000 à 4.000 Francs Congolais, l’équivalent d’1 à 2 dollars américains.
La survie à tout prix
Son âge l’importe peu. Sa survie c’est ce qui l’intéresse. Arodie, est un enfant au tempérament calme. Issu d’une famille pauvre, il est orphelin de père .Et en dépit de la vie difficile, il ne perd jamais espoir.
En compagnie de son grand frère, ils se réveillent chaque matin, direction la carrière de pierre dénommée 3 poteaux ; située au quartier CRAA dans la commune annexe à Lubumbashi.
Ici, une dizaine d’enfants de son âge fréquentent régulièrement cet endroit pour travailler afin d’aider leurs parents.
Contrairement aux autres, le jeune Arodie qui a 12 ans et son grand frère ; 15 ans, font un travail « assez difficile » à les en croire. Tous deux, ils ont le devoir de nourrir leur famille. Leur mère malade est hospitalisée dans une structure de santé de Lubumbashi.
Ayant subi une opération chirurgicale des yeux ; elle ne peut plus travailler. Voilà pourquoi Arodie et son grand-frère doivent rester dans cette carrière jusqu’au soir.
Arodie est conscient du défi:« je dois remplir le sac du sable et des pierres. Avant tout mon frère et moi transportons le sable non encore traité ; après nous concassons les pierres à l’aide d’un marteau et nous les tamisons par la suite avant de les livrer aux clients« .
Par manque de moyens, ils ont dû abandonner leurs études : « moi, je partais à l’école lorsque ma mère avait des moyens, j’étudiais à l’école primaire la gloire en 5e année. Après que ma mère ait été transportée d’urgence à l’hôpital pour un problème des yeux et mon père étant déjà décédé, personne ne nous a aidés. Depuis que les cours ont commencé, je ne suis pas encore parti à l’école. Je n’ai ni uniforme, ni cahier mais dès que je trouve l’argent je vais m’y rendre » raconte Arodie.
Les journées d’Arodie se ressemblent en termes de gain. Il ne gagne que 2000 francs congolais ; rarement 4.000 francs par jour après un dur labeur.
Le football pour se reposer
Comme tout enfant, il ne se prive pas de jeu. Mais il ne peut pas jouer loin de son site d’extraction des pierres et moellons. Quand il se sent fatigué autour de midi ; il se repose en jouant au ballon dans un terrain situé à côté de la carrière. Avec ses trois équipiers, Ils peuvent s’amuser aux dribles pour oublier la dure journée.
En ce mois de Novembre dédié aux droits de l’enfant, Arodie et beaucoup d’autres enfants sont exposés malgré eux aux travaux durs.
En revanche, l’article 32 de la convention internationale des droits des enfants stipule:
« Les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.«
En République Démocratique du Congo ; l’article 53 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant interdit les pires formes de travail de l’enfant.
En son point (f) elle relève :
« Les travaux qui, par leur nature et les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la croissance, à la sécurité, à l’épanouissement, à la dignité ou à la moralité de l’enfant« .
Pour Arodie et son frère, le calvaire va continuer. Il prendra le temps que leur mère se remettra. Reste à savoir s’elle sera apte à travailler, sinon ils sont partis pour être responsables depuis leur enfance. Cependant, ils rêvent de grandeur. Adulte ; Arodie pense qu’il sera chef d’entreprise alors que son frère, lui, rêve d’un travail d’infirmier.
Arodie croit en la force de la nature pour accomplir son rêve.
Pierre KABWE et Mandela LONGA