Quelles sont les nouvelles du front? Bien malin celui qui répondra avec exactitude à cette question. Tant de versions pullulent et circulent contradictoirement. Une véritable guerre dans la guerre où les munitions de prédilection ne sont pas à chercher dans l’arsenal classique.
Pas l’once d’un char de combat. Pas de trace de roquette. Pas un seul sukhoi. Même pas l’ombre du bon vieux fusil A 47. Rien de tel. L’armement lourd a pour nom « intox » et son succédané « infox ». Entre ces deux armes modernes de démoralisation massive, l’inoxydable « rumeur » qui tue à petit feu.
Après avoir « digéré » l’effet- surprise Sukhoi, les ennemis de la RDC larguent des bombes d’intox et d’infox à l’effet de créer la panique dans la population. Surtout celle habitant Goma. Toutes les localités environnantes du chef- lieu du Nord-Kivu sont mises à contribution pour annoncer l’avancée – inexorable?- des « terroristes » et de leurs sponsors. Plus portés sur la géographie de l’Europe – séquelles de l’enseignement très colonial- que sur celle de leur propre pays, des Congolais apprennent par le menu l’existence de quantité de villages et autres cités estampillés » villes » pour le besoin de la cause.
Au passage, le système métrique, la topographie et même la géographie …en prennent un sacré coup. Le M23 peut être annoncé le matin à 25 km au sud de Goma, à midi à 50 km au nord de la capitale provinciale du Nord- Kivu, le soir à 10 km à l’Est de la même ville et au milieu de la nuit à 5 km au sud! A chaque fois, on parle de dernier verrou. De quoi en perdre son swahili et surtout de quoi perdre le… nord.
Une situation qui n’est pas sans rappeler des épisodes précédents de la même guerre où certaines radios étrangères conquéraient des villes à la place des rebelles du RCD, une lointaine devancière du M23 engendrée par le même régime rwandais… de père et de mère.
Dénoncer cette « guerre » sans y répondre équivaut à de l’incantation. De fait, l’activisme des ennemis du Congo sur ce terrain prospère d’autant plus aisément que les missiles d’intox et d’infox sont rarement interceptés par la DCA ou le système anti- missiles.
Conséquence, les dégâts de ce « bombardement » se traduisent par de la psychose et, par ricochet, de la surenchère à Goma. Une espèce de victoire psychologique qui se dessine, si l’on n’y prend garde.
A la guerre comme à la guerre , un bataillon, voire une division entière devrait être mobilisée pour non seulement contrer cette offensive faite d’intox et d’infox mais en plus passer à la contre- offensive sur ce terrain- là. La meilleure défense étant l’attaque …
A mesure qu’approche la date du 21 novembre fixée pour les discussions de Nairobi, ces armes de démoralisation massive seront utilisées à fond. Pour préparer le terrain, au propre comme au figuré.
Au Gouvernement, à ses technostructures et plus généralement aux forces vives de ne pas s’en laisser conter. La mobilisation générale sera à très large spectre ou ne sera pas.
José NAWEJ/ Séoul/FORUM DES AS