Dans un rapport rendu public ce mercredi ; l’organisation britannique de défense des droits humains Minority Rights Group informe que des militaires et des gardes du parc national de Kahuzi-Biega ont perpétré des crimes sur des populations autochtones pygmées qui vivent dans le parc.
Sur base de ses enquêtes, l’organisation note des « attaques minutieusement préméditées, (qui ont visé) des populations civiles ».
Des témoignages recueillis et publiés dans ce rapport retracent Assassinats, viols en réunion, mutilations, utilisation de mortiers et de roquettes… des preuves directes qui attestent la mort de plus de 20 membres de la communauté Batwa et 15 femmes violées « pendant cette campagne d’expulsion forcée qui a duré trois ansʺ.
Les auteurs de ce rapport estiment que les faits tels que présentés pourraient relever des crimes contre l’humanité.
Ce conflit qui oppose les pygmées Batwa au Parc National de Kahuzi-Biega a commencé en 2018.Le parc accuse les autochtones pygmées d’occuper illégalement la forêt, de couper les arbres pour faire du charbon de bois et d’avoir tué et blessé des gardes. Pendant ce temps, certains Pygmées estiment avoir été spoliés de leur terre lors de la création et de l’extension du PNKB et veulent les récupérer.
Toutes les initiatives de médiation n’ont pas abouti jusque-là.
Face à cette situation une commission d’enquête a été mise sur pied sur instruction du directeur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).Il s’agira de passer à la vérification des accusations de violation des droits humains par les personnels du parc.
S’agissant des lois qui ceinturent la gestion des aires protégées et celles qui garantissent le droit des populations pygmées à jouir de leurs terres ancestrales ; un flou juridique existe toujours.
Il faut compter sur l’adoption par l’assemblée nationale de la proposition de loi déposée le 7 avril 2021, sur la protection et promotion des droits des peuples autochtones. Elle garantit, entre autres, la « reconnaissance aux droits à la terre et aux ressources naturelles que les peuples autochtones pygmées possèdent, occupent et utilisent traditionnellement ». Elle est en relecture au Sénat depuis un an.
Classé au patrimoine mondial en péril de l’UNESCO au cours des années 1990 à cause des guerres à répétition et de l’activité des groupes armées dans la zone ; le Parc National de Kahuzi-Biega est le sanctuaire des derniers gorilles des plaines de l’Est, situé dans la province du Sud-Kivu.
Mandela LONGA