La ville de Kalemie ; chef-lieu de la province du Tanganyika est sous la menace des eaux. Ces dernières années les problèmes s’accumulent.
Il s’agit d’abord la montée des eaux du lac Tanganyika, l’ensablement du lit de son déversoir ; la Rivière Lukuga et le débordement des collecteurs de l’artère principale par les eaux de pluie.
La situation est préoccupante à Kalemie. Avec les dernières pluies ; les ouvrages d’assainissements du boulevard Lumumba ; le plus important et la seule grande voie de la ville sont débordés d’eau.
Pour cause, l’étroitesse de ces collecteurs ne permet pas un drainage simple des eaux et déchets charriés par la pluie.
Les têtes d’érosions qui se sont créés du haut des collines surplombant le centre-ville ont du mal à être maitriser. De la cité, en plein cœur de la commune de kalemie descendent des milliers de mètres cubes d’eaux et des dizaines des tonnes de sables et d’autres déchets qui s’agglutinent dans le fonds marin du lac Tanganyika et de son unique exutoire ; la rivière Lukuga.
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Voilà la première explication aux inondations monstres qu’a connu la ville de Kalemie ; dans le lit du lac Tanganyika où plusieurs centaines des maisons ont été inondées, détruites ; forçant les habitants à déménager vers des lieux plus sûrs.
Des collecteurs d’eau exigus
Les dernières pluies ont démontrés les limites des ouvrages d’assainissement à retenir les eaux. Débordés, les caniveaux déversent tout leur contenu sur la voie. Des eaux et déchets trainent sur le macadam qui se détériore au fur et en mesure que les pluies tombent.
Quand il pleut à Kalemie il devient difficile de distinguer rivière et route. Modeste Kabazi ; coordonnateur du cadre de concertation de la société civile du Tanganyika craint le pire. Il s’inquiète en effet du sable et des déchets qui ont rempli le lit de la rivière Lukuga :
« L’année passée on a vu l’inondation qui a fait beaucoup de ravages dans le quartier DAV de la ville de Kalemie. Au jour d’aujourd’hui il en est de même. On constate que les eaux continuent à gonfler. Quand on regarde avec les yeux de profane quand on voit les roseaux pousser en pleine rivière cela veut dire tout simplement qu’il y a de la boue, de la terre« .
Modeste Kabazi; Coordonnateur de la Société Civile du Tanganyika
Quand le lac Tanganyika gronde
Et pour permettre au lac Tanganyika de respirer à travers la rivière Lukuga, son unique exutoire ; Modeste Kabazi propose le curage du lit de la rivière et l’agrandissement des principaux collecteurs devant drainer les eaux des pluies :
« La solution c’est de pouvoir curer la rivière. Draguer la rivière Lukuga pour espérer la baisse des eaux. Tant qu’il y a toutes ces tonnes de terres qui tombent dans la rivière, il y aura à un moment donné le refus des eaux sur la terre ferme. Ajouté à cela nous n’avons que des petits collecteurs qui ne conviennent plus pour contenir toutes les eaux qui proviennent de kapulo.Ca fait l’ensemble des problèmes donc il faudra curer la rivière lukuga, agrandir les collecteurs et chercher à urbaniser la ville« .
Le lac Tanganyika ; deuxième lac le plus profond au monde (1 470 m), après le lac Baïkal en Sibérie est aussi le deuxième plus grand lac d’Afrique (32 900 km2) après le lac Victoria.
Selon La Libre Belgique, Avant la montée des eaux de ces deux dernières années, la dernière crue exceptionnelle du lac remontait à 1963.
En décembre 2020, la montée des eaux du lac Tanganyika a inondé les villes de Bujumbura, Uvira et Kalemie. A Uvira au Sud-Kivu, Plus de 17000 personnes avaient fui leur maison à cause de cette montée spectaculaire des eaux.
Implication de tous les pays riverains du lac
Modeste Kabazi appelle à l’implication du gouvernement central pour permettre au lac d’évacuer librement ses eaux et baisser de niveau :
« Le seul déversoir du lac Tanganyika c’est la rivière lukuga mais à partir du moment où elle est bouchée que peut-on espérer ? Donc toutes ces eaux qui viennent des rivières Ruzizi, Lubuye qui est si proche de nous ici et quand elles sont déversées dans la rivière Lukuga et qu’il n’y a pas une voie de sortie, qu’est-ce que vous pouvez espérer ? s’interroge-t-il.
Pour lui le niveau national doit intervenir pour qu’on ne puisse déplorer la situation comme celle de Kentucky aux USA .Il estime que cette ville risque de disparaitre si on ne fait pas diligence.
« J’ai vu les autorités venues du Burundi, de la Tanzanie, mais depuis qu’on a échangé avec eux car on a dit qu’on allait partager les résultats des études mais hélas rien n’est fait alors que la situation sur place est en train de se dégrader. Je ne pense pas que ça sera ici parce que la ville de Bujumbura a connu la même situation« .
I y a peu les autorités des trois pays riverains du lac Tanganyika ont initié des études de faisabilité pour leur permettre de mener des actions concertées. Le dérèglement climatique est pointé comme la cause majeure de la montée des eaux. La RDC, la Tanzanie, la Zambie et le Burundi qui partagent le lac Tanganyika doivent s’y investir. Située à 80 pourcent en République Démocratique du Congo, le pays a la plus grande responsabilité dans ce dossier, l’eau étant à coup sur le problème et la solution majeure de ce 21e siècle.
A travers le lac, Kalemie chef-lieu de la province du Tanganyika ouvre sur le Port de Kigoma en Tanzanie, celui de Mpulungu en Zambie et Uvira au Sud-kivu à travers son port; un des plus importants de la République Démocratique du Congo.
Le lac est aussi une grande merveille touristique et une réserve inépuisée des ressources halieutiques qui font du Tanganyika ; la future destination des investisseurs du monde.
Mandela LONGA