Grâce à sa superficie de 134 940 km², la province du Tanganyika est la troisième plus grande de la République Démocratique du Congo.
Fort de sa population estimée à 3.062.000 habitants ; le Tanganyika est depuis le démembrement de l’ex-Katanga une province qui cherche à décoller.
Après le limogeage de Zoé Kabila des analystes politiques, fils et filles de la province s’interrogent sur le profil du successeur du frère cadet de Joseph Kabila.
A ce sujet votre rédaction a frappé à la porte de Stif Kabila ; fils du Tanganyika, gestionnaire des hôpitaux de son état et passionné de la politique.
Dans un entretien à bâton rompu accordé à Apalisinfo.net ; ce politique né à Kabimba à 60 Km de Kalemie et originaire du territoire de Kabalo pense que le Tanganyika a des défis à relever.
Cinq ans seulement après l’installation des institutions provinciales à Kalemie, la province du Tanganyika a du mal à décoller. De son point de vue, Stif Kabila revient sur quelques problèmes cruciaux qui requièrent des solutions.
Quel profil pour le nouveau gouverneur ?
Le profil du nouveau gouverneur de la province du Tanganyika est le sujet à la une ; à l’aube de l’élection convoqué par la CENI dans 13 provinces à problème.
A ce sujet, Stif Kabila n’y va pas par le dos de la cuillère. Il trouve inopportun d’installer un nouveau gouverneur à la tête de la province à seulement une année des élections générales au pays.
Des commissaires spéciaux pour poser les jalons
Stif Kabila rentre dans l’histoire de la province du Tanganyika pour situer la naissance de la province du Tanganyika au démembrement de l’ex-Katanga en quatre provinces autonomes.
Il estime que lors de l’installation de la province du Tanganyika, les commissaires spéciaux ont posé les jalons. Ainsi, le commissaire spécial Richard Ngoy Kitangala et ses adjoints Yvonne Ngoy Busangu et Ali Bin Omari Simukinje avaient été envoyés en mission kamikaze pour préparer le terrain à la nouvelle province qui existe aujourd’hui.
Selon lui, les commissaires spéciaux se sont donnés corps et âmes pour asseoir l’administration provinciale alors que depuis 1960, le Tanganyika portait le statut d’un district.
Il pense qu’attendre le développement de ces commissaires spéciaux était une erreur de ceux qui émettent ce point de vue-là sachant que les conditions d’implantation d’entreprises ne sont pas réunies jusqu’à présent.
«On ne pouvait pas parler en ce moment-là de développement. Ils étaient dans la phase expérimentale .Il fallait qu’il y ait des entreprises or il n’y pas d’entreprises .Toute la province n’a que la centrale hydroélectrique de Bendera qui ne produisait que 8,5 mégawatt alors qu’elle était censée en produire 42.»
Pour Stif Kabila il fallait du temps car il n’y avait aucune entreprise fiable et que l’électricité qui est le moteur principal de développement n’est pas à la hauteur de la demande de plus en plus croissante.
Stif Kabila ne voit pas comment un gouvernement provincial peut poser des grandes actions avec les recettes des petits ports. En revanche, il trouve que devenus gouverneurs et vice-gouverneurs, Richard Kitangala et Ali Bin Omari Simukinje ont joué leur partition à la tête du Tanganyika et ont laissé à leur prédécesseurs, le soin de poursuivre l’action gouvernementale.
«Ils sont devenus gouverneurs, ils ont travaillé et ils sont partis» a-t-il lâché.
Zoé Kabila ; le rêve interrompu
Stif Kabila ne comprend pas comment on a pu interrompre le travail amorcé par Zoé Kabila au gouvernorat du Tanganyika. Pour lui, son élection a suscité de l’espoir et a annoncé le début d’un nouveau leadership.
Pour lui, les députés provinciaux du Tanganyika ont péché en destituant un gouverneur élu dans des conditions qui frisent l’illégalité la plus totale et brisent le rêve d’un Tanganyika qui cherche à relever la tête de l’eau.
«Zoé Kabila est arrivé et à son époque on a senti même le décollage de la province .Il a lancé la réhabilitation de la centrale de Bendera pour enfin qu’on ait de l’électricité et avoir des entreprises mais malheureusement on l’a fait partir dans les conditions que nous connaissons. Il faut maintenant trouver son remplaçant» s’est exprimé Stif Kabila.
L’erreur étant consommée, il pense qu’élire un nouveau gouverneur ; une nouvelle personne ne fera que perpétuer l’attente de voir s’installer une politique claire de développement de la Province. Il prédit que l’élection d’un nouveau gouverneur ne changera nullement le quotidien de la population car il ne restera qu’une année et quelques mois avant les élections de 2023.Il parie sur le maintien du gouverneur intérimaire Samba Kayabala Mony mais faudra-t-il qu’il ait le soutien du chef de l’Etat:
«Je pense que le bilan du nouveau gouverneur sera chaotique parce qu’il cherchera à se reconstituer, à monter un projet de société peut-être pas objectif et réaliste. Je crois qu’on devrait laisser Samba Kayabala Mony qui a été ministre de la petite et moyenne entreprise sous kitangala et vice-gouverneur de Zoé Kabila.»
Stif Kabila trouve que le gouverneur intérimaire du Tanganyika a compris le contexte politique et social de la province : « C’est à lui qu’on doit confier la province pour qu’il continue cet élan et que d’ici une année l’on organise les élections car il a compris la philosophie.»
Le ciment de Kabimba, pour quel impact social ?
Stif Kabila, pour être né et avoir passé une grande partie de sa jeunesse à Kabimba, soutient que la faillite de l’ancienne société de production de ciment à Kabimba à 60 kilomètres au Nord de la ville de Kalemie est une occasion de repenser le développement à la base.
La Société Interlacs active depuis 1973 n’a pas permis à la cité de Kabimba de se développer. Stif Kabila ne comprend pas comment le tronçon Kabimba -Kalemie n’a jamais été asphalté en dépit de l’énorme importance que revêt cet itinéraire.
Mais depuis un moment, Interlac a été racheté par Great Lac Ciment qui installe une usine de pointe à Kabimba.
Pendant que l’ancienne cimenterie produisait à l’époque 5.000 tonnes de ciment par mois, GLC est en mesure de produire la même quantité par jour.
Fils d’un ancien cimentier, Stif Kabila demande à cette nouvelle société de soumettre son cahier de charge au gouvernement afin qu’elle réponde valablement à ses obligations sociétales.
Il propose que soit appliquée des rétrocessions à la base comme c’est le cas avec les entreprises minières qui versent la redevance minière :
«GLC sera la deuxième grande entreprise de production de ciment en Afrique centrale. En phase d’exploitation, elle devra soumettre son cahier de charge au gouvernement congolais pour répondre de ses obligations sociétales vis-à-vis des populations locales. L’on souhaiterait que le territoire, l’entité coutumière puissent bénéficier de rétrocession comme c’est le cas avec les miniers qui paient la redevance minière».
Stif Kabila voit la rétrocession booster le développement des entités locales à la base et résoudre des problèmes sociaux dont l’accès à l’eau, la construction de la route Kabimba –Kalemie.
Dans le même ordre, il croit que l’argent généré par l’exploitation du ciment de Kabimba pourra contribuer à redonner vie à d’autres secteurs tels que servir à la réhabilitation des écoles en paille ou en brique et que cela pourrait être utile à la population de la contrée de Kabimba et de ses environs.
Enfin la Great Lac Ciment ; GLC en sigle devra selon lui chercher à impacter positivement le social des populations habitant tout près de Kabimba. Il regrette que la localité de Kisongo ; village le plus proche de l’entité d’exploitation n’aie jamais été bénéficiaire de l’électricité qui fait tourner des machines à Kabimba.
Mandela LONGA